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Pen Duick IV

Un trimaran futuriste

Pen Duick IV est le premier multicoque de course océanique moderne. Pour sa deuxième participation à la transat anglaise 1968, Éric Tabarly rompt avec les monocoques. Suite à une navigation sur un petit trimaran Toria avec l’architecte anglais Dereck Kelsall, il a acquis la conviction que l’avenir appartient aux multicoques.
Il s’adresse à l’architecte marseillais André Allègre pour concevoir un trimaran de 20 m de long pour 10 m de large avec deux mâts profilés pivotants et des grands-voiles lattées, ce qui est révolutionnaire pour l’époque. Il est construit en Duralinox aux Chantiers de la Perrière à Lorient. La construction débutée en décembre 1967 prend du retard avec les grèves du printemps 1968. À sa mise à l’eau, cet oiseau du large fait sensation. Avec ses bras de liaison en tubes d’aluminium reliant des flotteurs symétriques à la coque centrale, il est qualifié de "pieuvre", "d’araignée" ou de cours de tennis flottant. Lors des premiers essais en rade de Lorient, Pen Duick IV affiche des vitesses prometteuses. Mais Tabarly et son équipe ont manqué de temps pour mettre au point un voilier aussi novateur. Après seulement 15 jours de navigation, le bateau n’est pas fiabilisé et lors du convoyage vers Plymouth, plusieurs problèmes techniques apparaissent. La réussite ne sera pas au rendez-vous dans cette transat. Suite à un abordage avec un cargo, Tabarly est contraint de revenir à Plymouth. Il recoupe la ligne trois jours et demi plus tard mais suite à des avaries de pilote automatique, il jette l’éponge.
Après cette désillusion, il entreprend une campagne aux États-Unis pour démontrer les qualités de son trimaran désormais doté d’un gréement classique et tenter de le vendre. La course Los Angeles-Honolulu où Pen Duick IV pulvérise le record de l’épreuve de plus de 24 heures lui offre une belle revanche. Après cette campagne probante dans le Pacifique, Tabarly en proie à des difficultés financières est contraint de se séparer de son trimaran. À l’automne 1969 à Nouméa, Alain Colas un de ses équipiers (avec Olivier de Kersauson) qui connaît le potentiel de cette machine s’en porte acquéreur. 
En juin 1972, Colas domine et  remporte la quatrième édition de la transat anglaise en 20 jours et 13 heures, prouvant la pertinence des choix architecturaux de Tabarly le visionnaire. 
En 1973 il entreprend un Tour du monde par les Trois Caps en solitaire. Pen Duick IV rebaptisé Manureva est mis à nu et modifié. La flottabilité des coques est renforcée pour éviter l’enfournement dans les mers du Sud. Colas parti de Saint-Malo y revient 169 jours plus tard après avoir réussi son périple avec une escale à Sydney.
En novembre 1978, il est au départ de la première Route du Rhum créée par Michel Etevenon. Le skipper et son trimaran disparaissent au large des Açores le 16 novembre. Les recherches menées par la Marine Nationale ne donneront rien. Voie d’eau, désintégration des flotteurs, abordage avec un cargo, chute du skipper à la mer, fragilité du trimaran qui avait mal vieilli, plusieurs hypothèses ont été émises au sujet de ce naufrage. Mais le mystère est resté entier sur la disparition d’Alain Colas et de ce trimaran qui a marqué un tournant dans l’histoire de la course au large.

 

 

Fiche technique

Architecte : André Allègre et Chantier la Perrière
Constructeur : Ateliers et Chantiers de la Perrière à Lorient

 

Longueur hors tout : 20,80 m
Longueur à la flottaison : 19,50 m
Déplacement : 8 t
Largeur : 10,70 m
Tirant d’eau : 0,80 m / 2,40 m
Gréement : Ketch Marconi
Surface de voilure au près : 107 m2
Matériau : Duralinox

 

 

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